La fin de l'insouciance, acte 1
Eté 2002, prenez un jeune couple fraichement marié et désireux d'avoir un enfant: Chéri et moi.
Prenez une gynéco lambda que nous appelleront LGL pour faire plus court.
Enlevez la contraception, laisser reposer et voilà la moitié du jeune couple, à savoir moi, enceinte en train de couver le n°1...
Premier trimestre, LGL vérifie que tout se passe bien, secondée et finalement remplacée dès la première écho par le gynéco de l'hôpital où j'accoucherai. Celui-là, on l'appellera GH.
Deuxième trimestre, écho morpho, apparemment tout va bien, GH ne remarque rien d'inhabituel. De toute façon, je suis sereine, je suis enceinte, la vie est belle, je vais être maman comme je n'en ai jamais douté.
Troisième trimestre, GH confirme que tout va pour le mieux mais je commence à trouver le temps long, comme toute future maman sur le point de le devenir (maman, vous suivez?) et après une petite semaine de panique ("mais comment je vais faire pour accoucher??!!"), une collègue me dit "De toute façon, il finira bien par sortir, t'inquiète pas!" Certes... Mais finalement elle n'a pas tort et je me détends.
Puis vient le jour J. Premières contractions vers 5h du matin, on passe le temps comme on peut à la maison, ça fait pas trop mal, je gère. Le temps passe, dans l'après-midi, je décide de prendre un bain pour me détendre car les contractions sont devenues plus sévères et j'ai mal au dos en même temps. Chéri part prendre la valise et me retrouve le pantalon aux chevilles en passant devant la porte de la salle de bains...
"J'ai perdu les eaux."
"Ah..." (un ange passe)
"Euh, il me faut un autre pantalon, là."
"Ah, oui, OK."
Puis départ pour la maternité.
Là-bas, on me demande depuis combien de temps je contracte, on me parle, on veut me faire marcher pour faire avancer le travail (pas possible, je contracte au bout de 3 pas) mais moi, j'ai juste envie de me concentrer et de respirer comme me l'a appris la sage-femme de la prépa à la naissance. Je refuse la péridurale mais accepte le gaz hilarant.
4 heures plus tard, je suis dilatée au maximum, il est temps de pousser... Je m'assure que le bébé est bien placé et c'est parti... Ah la vache, ça va pas être une partie de plaisir!!! Mais au bout de 8 poussées, j'accouche "comme dans les livres" me dit C. la sage-femme qui m'accompagne.
21h35, elle pose notre bébé sur mon ventre, on est encore un peu dans les vapes avec Chéri, il verse une larme, moi je n'en reviens pas d'avoir réussi à faire un tel truc et on soulève enfin la jambe de notre n°1 pour se rendre compte que ce sera Eliott et pas Eléna.
On n'a encore rien vu à ce moment là mais un petit tremblement de terre va boulverser notre bonheur tout neuf... C. nous annonce que Loulou a une fente labiale mais que tout ira bien car il sera opéré à Bordeaux dans un service spécialisé très compétent. Les vapes s'évaporent un peu mais, instinctivement, nous avons une confiance totale en C. et restons sereins, surtout qu'il n'y a aucune autre malformation associée (ni fente palatine ni maxilaire).
Nous rentrons à la maison et la vie s'organise autour de notre petit bout, petit à petit. On connait juste le nom du chirurgien qui va finir par opérer Eliott mais par méconnaissance, nous attendons avant de prendre rendez-vous. Après tout, une anesthésie sur un bébé, c'est pas anodin... Loulou grandit, fait notre fierté malgré cette petite malformation physique et notre entourage ne fait pas trop de réflexions malheureuses même si on sent que ça les gêne un peu.
Enfin, le grand jour arrive: Eliott a 9 mois, il suce son pouce et son doudou et va être opéré pendant les vacances de février pour que nous ne rations aucun cours. On ne sait pas trop comment ça va se passer mais, confiants en l'équipe médicale, nous partons à Bordeaux...
Opération nickel mais ensuite le choc: il a les bras entravés pour ne pas se toucher les lèvres et risquer de faire sauter les points! En plus la douleur le fait souffrir, il est sous dérivé morphinique pour nourrissons et nous nous sentons terriblement impuissants... Ajoutez à cela des nuits dignes d'un nouveau-né puisqu'il n'a pas droit à son doudou et vous obtenez un jeune couple un peu moins insouciant et surtout exténué, accompagné d'un loulou déboussolé!
Heureusement, au bout de 10 longs jours après l'opération, le calvaire est terminé: on peut enlever les entraves et Eliott retrouve son doudou chéri pour enfin dormir paisiblement. Il a aussi définitivement abandonné le pouce. On a un petit pincement au coeur mais tout va enfin pour le mieux, ouf!
To be continued...